En bâtonnets ou en capsules, le tabac à chauffer est mauvais pour la santé. Au moins autant que la cigarette. Quoi qu’en disent les fabricants.
Non, le tabac à chauffer n’est pas moins dangereux que la cigarette conventionnelle. C’est ce que souhaitent rappeler les rédacteurs de la revue Prescrire. Une alerte déjà lancée par l’Organisation mondiale de la Santé. Malgré cela, les fabricants continuent d’affirmer que ces produits – qui ressemblent à des cigarettes électroniques – sont moins néfastes pour la santé, « comme ils l’ont fait avec les cigarettes avec filtre et celles dites légères » ou « light ».
Argumentaire marketing
D’après les cigarettiers, c’est la combustion, davantage que le tabac ou la nicotine, qui est néfaste pour la santé. Ces nouveaux dispositifs pour consommer le tabac présentent donc selon eux, l’avantage de simplement chauffer, et non brûler, le tabac. Des arguments marketing, basés sur des études menées par… les fabricants eux-mêmes.
Ces produits, classés parmi les « nouveaux produits du tabac » ne sont, en outre, pas soumis à la même réglementation. « Ils sont moins taxés et peuvent être vendus dans des emballages dont l’apparence ne relève pas des obligations du paquet dit ‘neutre’ », souligne la revue Prescrire. Ce qui ne facilite pas la transmission du message de santé publique…
Nicotine, toxique, cancérogène…
Or voici les raisons de ne pas les utiliser :
– Les produits de tabac à chauffer génèrent des aérosols contenant de la nicotine et d’autres produits chimiques, que le consommateur inhale par la bouche. Il est donc exposé au « benzo[a]pyrène et à la nitrosamine cétone dérivée de la nicotine (nicotine derived nitrosamine ketone, NNK), des substances qui sont cancérogènes génotoxiques » ;
– Certes les dispositifs à base de tabac à chauffer émettent une fumée contenant de la nicotine à des taux inférieurs à ceux retrouvés dans la fumée de cigarette conventionnelle. Mais ils obligent « les consommateurs à prendre les bouffées sur un temps très court avant l’arrêt automatique du dispositif ». Résultat, « ces bouffées répétées provoquent des pics de nicotine conférant au tabac à chauffer un fort potentiel addictif ».
– Le tabac à chauffer n’aide pas les fumeurs à arrêter la consommation de tabac et peut au contraire constituer une porte d’entrée vers le tabagisme.
Revue Prescrire N° 444 - Octobre 2020
Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet