De l’Académie de médecine à l’Anses… vers la réhabilitation de la cigarette électronique en France ?
Victime de nombreuses Fake News depuis un peu plus de deux ans, la cigarette électronique conserve l’appui de l’Académie française de médecine en tant qu’outil d’aide au sevrage tabagique. On fait le point sur la question.
Cigarette électronique : l’Académie de médecine rassure les vapoteurs français
Fin 2019, quelque 2 291 patients avaient été hospitalisés aux Etats-Unis, notamment au Texas, en Californie et dans l’Illinois, à cause d’une pathologie pulmonaire grave et surtout mystérieuse. Leur point commun ? Ce sont des vapoteurs confirmés. En d’autres termes, ils utilisent tous la cigarette électronique (ou ecig) de façon régulière. Inutile de dire que cette nouvelle a semé un vent de panique auprès des vapoteurs français, mais aussi et surtout auprès des nombreux professionnels du segment, que ce soit les fabricants ou les vendeurs qui officient dans les petites boutiques de vape.
Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que les autorités sanitaires ont livré leurs conclusions : il s’agissait vraisemblablement d’un cas de « mésusage » de la cigarette électronique. Les analyses ont en effet montré que les patients ont quasiment tous utilisé des liquides de vapotage ou e-liquides contenant du THC, principale molécule psychoactive du cannabis, et de l’huile de vitamine E (acétate de vitamine E) achetés dans le marché noir. En plus de la traçabilité douteuse de ces substances, elles sont prohibées dans certains Etats américains pour leur dangerosité, surtout lorsqu’elles sont chauffées puis inhalées.
L’Académie de médecine s’est fait le relais de cette information en France à travers un communiqué rendu public à la mi-décembre. Les Sages ont tenu à insister sur « les avantages prouvés de la cigarette électronique » et rappellent « les inconvénients indûment allégués à la cigarette électronique ». Voilà de quoi rassurer les millions de personnes à travers le monde qui tentent de réussir le défi du sevrage tabagique en passant par la cigarette électronique qui, rappelons-le, ne contient ni goudron ni monoxyde de carbone, deux des substances les plus toxiques du tabac. Pour muscler davantage le contrôle et la traçabilité des e-liquides, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié le mercredi 28 octobre 2020 une base de données répertoriant les substances contenues dans les produits du tabac et du vapotage en France.
En France, 700 000 fumeurs ont décroché grâce à l’e-cigarette
« Il ne faut pas confondre le contenant nocif et la toxicité du contenu », explique l’Académie de médecine, qui rappelle par ailleurs que les Fake News sur la nocivité de la cigarette électronique peuvent entraîner la mort de milliers de fumeurs qui renonceront à une alternative viable pour arrêter de fumer. « Il ne faut pas se tromper d’ennemi », rappelle l’Académie de médecine dans son communiqué. L’enjeu est donc de taille. En juin 2019, une étude de Santé publique France a démontré qu’au moins 700 000 fumeurs français ont réussi leur sevrage tabagique grâce à la cigarette électronique. Un record qui dépasse de loin les résultats d’autres alternatives comme la gomme et les patchs à la nicotine.
Même son de cloche Outre-Atlantique, où les Académies américaines des sciences multiplient les études chimiques et les essais cliniques pour évaluer les risques de la cigarette électronique. Si la cigarette électronique contient de la nicotine, principale substance addictive de la cigarette à tabac, elle épargne au vapoteur des milliers de substances toxiques qui résultent du tabac chauffé comme « le goudron (cancérigène) ou le monoxyde de carbone (facteur de maladies cardiovasculaires) », peut-on notamment lire dans un rapport publié en 2018 par les Académies américaines des sciences.
Il faut toutefois rappeler que l’analyse de la nocivité de la cigarette électronique se fait toujours en comparaison avec le tabac. Tous les professionnels de santé s’accordent à dire que la prévention du tabagisme comme du vapotage reste la meilleure approche de santé.
La cigarette électronique ne doit être envisagée qu’en tant qu’outil d’aide au sevrage tabagique, et non comme une alternative durable à la cigarette à tabac.
La rédaction de Toulouse Info le 09/11/2020